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Bibliographie de référence

Vous avez peut-être aperçu à la fin du film une publicité pour Coca-Cola. Cette marque est partout et, il est plus difficile de réussir l’eau potable dans la mesure ó il s’agit d’un service public qui doit être accessible à tous de façon équitable.

2.4 Évaluation sociologique : de multiples regards

Enfin l’évaluation sociologique me paraỵt être un enjeu d’analyse considérable ; connaỵtre les réseaux sociaux et les clivages, connaỵtre les découpages propres à chaque société, les ethnies, les clans, les classes sociales, les rapports de forces, les réseaux de compétences, les groupes économiques constituent autant d’enjeux majeurs.

Au Mali, il existe une catégorie sociale nommée « captifs affranchis », pauvre et dépendante. Il existe des grands commerçants, des fonctionnaires. Tous ces réseaux se partagent des compétences, des richesses, un capital social et économique, des parties du pouvoir politique. Ces analyses sont utiles quand on veut accompagner le changement. La mission des bailleurs de fonds devrait précisément être d’accompagner le changement social et économique.

Nous aurions pu aborder également les besoins d’analyse anthropologique.

Avec le film que vous avez pu voir, nous disposons de 17 modules de débats. Le premier module s’intitule

« L’eau potable est-elle buvable ? » Dans certains villages, les habitants disent que l’eau n’a pas bon gỏt, qu’elle n’est pas buvable. Dans une séquence que nous n’avons pas pu voir aujourd’hui, on voit deux femmes qui se présentent comme des « agents de santé » et qui expliquent que, selon elles, l’eau du puit est meilleure que l’eau du robinet car l’eau du réseau « vient de chez les morts ». Elle a un gỏt de mort. Dans l’imaginaire malien, l’eau du robinet – qui arrive de forage profond – est une eau qui a cohabité avec les morts alors que l’eau du puit est une eau vivante, une eau saine. Il y a donc, à l’évidence, toute une série de questions anthropologiques – ici sur l’évolution des gỏts et de l’imaginaire – qu’il faudrait aussi savoir poser.

La recherche en sciences sociales et

Échanges…

Stéphane Lagrée

Merci Alain pour cette très originale et très riche présentation. J’imagine que vous avez en tête nombre de commentaires et de questions sur le documentaire et l’intervention.

Alexandre Minsky, attaché de coopération, éducation et enseignement supérieur, Ambassade de France à Hà Nội

Vous avez marqué la place que devrait avoir la sociologie, le sociologue dans des projets de développement et en particulier dans des projets de création de services de base. Vous représentez également ici l’AFD. Vous êtes à la fois chercheur et directeur d’une grande institution qui contribue à ces projets de développement. Avez-vous au sein de votre agence des économistes, des spécialistes du développement, des sociologues qui vont accompagner ces projets et gérer le changement social qui est inhérent à ce type de projets ? Nguyễn Thị Văn, Institut de sociologie, Hà Nội

J’ai personnellement beaucoup apprécié le film.

Je suis sociologue. J’ai mené de nombreux travaux de recherche en zone rurale au Việt Nam. Le film est vraiment pertinent. Malheureusement, la sociologie vietnamienne en particulier, et l’ethnologie au Việt Nam en général, n’ont pu produire de film aussi intéressant.

De nombreux enseignements peuvent être tirés de la participation des bénéficiaires dans les prises de décision sur des questions de vie quotidienne.

Le film traite également de la décentralisation, des difficultés de constituer une décentralisation à la base : détournements, corruption, inégalités des genres. Les femmes n’ont pas une voix déterminante, elles n’ont pas le dernier mot sur l’emplacement des bornes fontaines alors que les hommes ne vont pas directement chercher l’eau.

Il s’agit là de quelques entrées intéressantes que j’ai pu extraire du film.

Ce film montre également le peu de place laissé à la sociologie, les changements sont avant tout liés au politique.

François Roubaud, IRD-DIAL

J’ai également trouvé le film très intéressant.

En fait j’ai l’impression qu’il apporte, ainsi que la problématisation que nous en a fait Alain Henry, plus de questions que de réponses. C’est peut-être l’objectif. Dans le film, on voit que c’est complexe finalement, qu’il y a beaucoup d’enjeux,

en particulier les enjeux politiques. Je trouve que dans le film on ne les maỵtrise pas vraiment.

Des choses nous échappent. Visiblement il faut couper en 52 minutes un documentaire dans son format standard. Les paroles sur le prix de l’eau : qui a décidé de faire payer l’eau ? à quel cỏt ? Au bout de compte, je retiens que la solution est très complexe et que la solution technique ne suffit pas. Au delà du consensus de Washington, dans le post-Washington, en tenant compte des principes de participation, je n’arrive pas à bien saisir si on a avancé ou pas. Il est clair que même avec ces principes de participation, on n’accompagne pas le changement social, on le provoque. Retenons simplement les trois options que les bailleurs de fonds revendiquent : faire payer l’eau, qui l’a décidé ? pourquoi ? pourquoi faut-il payer l’eau ? quel va être le prix ? Cette décision vient de quelque part et est l’objet d’enjeux. Le projet doit être géré de façon décentralisée et participative. On le voit, cela est dit clairement dans le film et vous le répétez, cela mine en même temps les processus démocratiques qui sont en cours. Sur la parité homme-femme, on voit Aminata Traoré réagir de façon violente sur le fait qu’un bailleur de fonds ne devrait pas intervenir sur les équilibres locaux. C’est aux femmes de se battre pour obtenir à leur rythme leur autonomie. Ma question est : que fait, que doit faire l’intervention ? qu’attendez-vous des chercheurs ? atteindre les trois objectifs exprimés (la rente payante, une gestion décentralisée, rétablir la parité homme-femme) ou bien l’objectif est-il de travailler avec des chercheurs pour mieux comprendre comment accompagner le changement social dans une dynamique endogène ?

Mireille Razafindrakoto, IRD-DIAL

Je trouve ce film extrêmement intéressant. Il soulève effectivement un certain nombre de questions.

Je voudrais ajouter quelques remarques et peut-être quelque chose qui n’a pas été mentionné durant la présentation et qui intervient dans la réussite ou non du projet : la contrainte de temps. Le film montre clairement qu’il faut du temps pour que tout se mette en place, pour que les choses puissent se transformer progressivement. Je m’interroge aussi sur les trois recommandations avancées : ont-elle été discutées dans la localité pour que les populations comprennent et s’approprient effectivement le projet ? finalement, ne donne t-on pas plus de pouvoir aux principes qu’aux résultats ? ne vient-on pas appliquer des principes sans tenir compte peut-être qu’ils ne sont pas adaptés à la situation locale ? y a-t-il, du cơté des bailleurs de fonds, une réflexion pour lever ces contraintes et favoriser la réussite des projets ? Merci.

Stéphane Lagrée

Alain, je vous propose de répondre dans un premier temps à ces différentes questions et commentaires.

Alain Henry

Très bien. Je vais reprendre ces questions dans un ordre reconstitué ; tout d’abord, les interrogations soulevées par François Roubaud. Ce qui est demandé aux chercheurs est d’accompagner l’étude du changement et non pas d’accompagner le changement social. Le travail des bailleurs n’est pas un travail de chercheur. Les bailleurs sont dans une approche balistique. Ils doivent nécessairement rechercher une certaine efficacité économique.

J’y reviendrai puisque Mireille Razafindrakoto soulevait à l’instant cette question. Les bailleurs ont plusieurs soucis, à la fois d’efficacité économique et d’éthique. Mon propos est de faire appel aux chercheurs pour accompagner l’analyse et non pas pour accompagner l’obtention des résultats. Il ne s’agit pas de demander aux chercheurs de devenir experts mais d’apporter des éléments d’analyse et d’éclairage.

Deuxième point. Le film soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses : c’est bien l’objectif.

Ceci étant dit, il s’agit d’un 52 minutes uniquement car c’est une formule facile à visualiser. Nous avons produit un coffret avec un double DVD dans lequel il y a un 52 minutes sans entretien ce qui donne un peu plus de place au terrain. Le second DVD présente 14 modules de débats thématiques, pouvant être visionnés séparément1. Un fascicule donne des éléments d’information qui ne sont pas livrés dans le film. Par exemple, dans ce cas, le tarif est décidé par les associations d’usagers.

Je reviens à la question des contraintes imposées par les bailleurs. Ces contraintes passent d’abord par un grand nombre d’opérations de négociation ou de conception produite par l’administration malienne, puis par les différents étages de relations entre les communautés locales et l’administration. Mon propos était de dire, finalement quand on réfléchit, nous ne faisons que trois recommandations. Heureusement ! Tout le reste n’est qu’illusion et relève de l’appropriation du système par le système national malien. Je suis volontiers d’accord avec la proposition de Mireille.

Il y a une quatrième recommandation implicite et qui est très contraignante, celle des délais. C’est un vrai problème d’efficacité économique. Je suis

prêt à réécrire mon papier pour dire : nous fixons en effet quatre contraintes, la quatrième étant la contrainte de temps. Un acteur économique normal dispose toujours d’un temps et de ressources limités. À travers les délais d’un projet, des éléments de productivité et de vitesse du changement sont fixés. En cas de tensions ou d’échec, il s’agit même, souvent, du premier mobile du « crime » : mauvais raccourcis ou mauvaises décisions.

Christian Lallier a d’ailleurs réalisé un autre film au Mali qui raconte l’histoire d’un projet qui déraille sous l’oeil de la caméra (mais ce n’est pas un projet de l’AFD et je ne l’ai pas sélectionné pour cette séance). Ce film montre en effet que la contrainte de temps est le premier facteur d’échec.

Concernant les trois autres recommandations, la réponse est plus complexe. Elle engage en effet des considérations de philosophie plus générale.

La grande perspective des bailleurs de fonds est le résultat et la durabilité des projets. Les bailleurs de fonds, même s’ils n’ont pas encore beaucoup fait de mesures d’impact, n’ont que deux soucis en tête : d’une part, le nombre de personnes supplé-mentaires qui bénéficieront des services de base et d’autre part, que le système perdure au-delà de la présence des bailleurs. Ce sont nos deux grands critères de « jugement », au sens de l’analyse des institutions. C’est à partir de ces critères et des grands débats, tant philosophiques que politiques, qui réunissent des acteurs de toute la planète, que nous en venons à faire ces recommandations. Du G8 jusqu’aux maires d’une commune X, tout le monde débat pour savoir si le service doit être payant ou non, et pourquoi. Aujourd’hui il existe un quasi consensus mondial, certes imparfait, incomplet. Si l’on veut que ce consensus change, c’est aux acteurs politiques de le faire changer. Toujours est-il qu’il y a un consensus sur ces trois principes : l’eau doit être payante, renforcer l’égalité homme-femme et plus de participation. J’attire l’attention sur le fait que ces trois principes restent dans une formulation très générale.

Enfin concernant les aspects participatifs, il y a en effet une part considérable de négociation avec les villageois, avec les élus, avec les administrations.

Dans le film, on voit seulement la part des négociations avec les villages. On aurait pu faire un autre film intéressant : filmer la délégation de l’AFD négociant avec l’administration malienne.

Cela aurait été aussi une étude de cas intéressante.

Plusieurs couches peuvent être analysées.

1 Le coffret est composé de deux DVD. Le second propose quatorze lectures possibles du documentaire à partir desquelles les chercheurs et experts maliens et français apportent leurs analyses (durée totale : 174 minutes). [note de l’éditeur]

Bien entendu les principes retenus restent discutables. Ces principes sont repris officiellement dans les doctrines publiques de l’aide française.

Ils font aujourd’hui consensus chez la plupart des acteurs. L’autorité publique française en délègue à l’AFD les modalités de mise en œuvre. D’ó – et je reviens à la question de François – l’appel à la recherche en sciences sociales, économiques et anthropologique pour éclairer l’applicabilité, le degré d’appropriation et le degré de performance au sens économique et social du terme, de ces recommandations et des processus qui les accompagnent. Ce film est fait pour mettre ces questions en lumière.

Pour ma part, j’en avais assez d’entendre le consensus des bailleurs de fonds sur le

« participatif, payant et autres remèdes miracles » devant permettre de construire le monde radieux ! Je voulais montrer que rien n’est simple, que les enjeux sociaux économiques et anthropologiques sont considérables.

Je suis d’accord avec l’intervention de notre collègue vietnamienne que je remercie pour ses commentaires chaleureux sur le film. Il est exact qu’un des éléments d’analyse qui découle du film, surtout si l’on dispose des 52 heures de rush qui ont servi de base aux 52 minutes, serait d’en extraire toute une série d’éléments anthropologiques.

Certains de mes collègues de l’AFD, en voyant le film pour la première fois, m’ont dit : « C’est formidable ! Nous pouvons enfin voir ce que nous n’avions qu’entrevu, car nous assistons rarement aux réunions de terrain ». L’un des objectifs était aussi de fournir aux experts des éléments d’analyse et de réflexion.

Je reviens enfin à la question d’Alexandre Minsky.

J’en avais également assez de voir que le rơle des bailleurs était réduit à une activité simpliste : financer et faire en sorte que les populations veuillent bien appliquer les plans si bien conçus par d’autres, afin que l’avenir radieux soit réalisé.

Je voulais démontrer que cela n’était pas possible, qu’il fallait rentrer dans une analyse complexe de chaque cas et de chaque lieu avec ses coutumes, ses pratiques, ses habitudes, ses acteurs.

Un autre élément de conviction était sous-jacent. Les économistes occupent largement la place ! On manque d’analyses sociologiques et d’analyses anthropologiques. Les économistes ont une vertu de séduction auprès des bailleurs de fonds : ils parlent avec des chiffres. Nous avons à l’AFD quelques sociologues mais si la parité

homme-femme est presque atteinte, celle entre économistes et sociologues ne l’est pas ! J’ajouterai un dernier commentaire. Ce ne sont pas les sociologues de l’AFD qui agissent sur les projets, mais ils agissent pour mettre en œuvre des sociologues dans les projets. C’est bien aux experts et aux consultants d’accompagner le changement social. Ce que j’appelle de mes vœux ici est la recherche en sciences sociales et économiques afin d’éclairer les phénomènes, qu’ils soient universels ou locaux.

Đinh Thị Kim Cúc, enseignante au collège technique et commercial

Le film reflète de façon relativement complète différents aspects sociaux, culturels et politiques.

De nombreux projets de développement compa-rable sont réalisés au Việt Nam. Ce film n’a pas abordé le phénomène de la corruption. Qu’en est-il au Mali ? Il serait peut-être souhaitable que la coordination entre opérateurs, décideurs et gestionnaires soit plus étroite.

Nguyễn Thị Thu Hằng, doctorante FSP, Institut des religions, Hà Nội

J’aimerais reprendre l’idée développée par Mme Văn qui avance qu’il n’est pas encore possible de réaliser ce type de film au Việt Nam.

J’ai un autre point de vue. Nous avons également des documentaires qui abordent des sujets de la même manière mais il s’agit de films réalisés par des cinéastes professionnels. Pour moi, l’intérêt du film est qu’il a été réalisé par des chercheurs, le scénario correspond à un plan de recherche qui comporte une problématique, des hypothèses, de la documentation et des pistes de réponse. La place des sociologues est particulièrement intéressante notamment sur l’imaginaire des Maliens à propos des liens entre l’eau et les morts.

Pouvez-vous expliquer la pertinence du film par rapport à des images statiques, car le film n’est pas perçu de la même manière par les spectateurs et les producteurs quand on introduit des photographies statiques, les résultats peuvent peut être différents ?

Trương Hồng Trương, doctorant FSP, CEFURDS, Hồ Chí Minh Ville

Merci pour votre présentation très intéressante et ce film passionnant.

Le CEFURDS a réalisé un film sur la restauration du métier de tissage de l’ethnie Cham. Cette projection, aujourd’hui, nous offre de nouvelles entrées méthodologique pour le futur.

J’ai été particulièrement intéressé par la participation et l’implication des communautés locales dans le projet. Beaucoup de questions sont soulevées, d’autres n’ont pas été abordées. Je pense aux changements des rapports sociaux entre les individus liés au projet.

Alain Henry

Au Mali il existe, comme partout dans le monde et de manière non négligeable, des problèmes liés à la corruption. Ils ne sont pas vraiment abordés dans le film, probablement parce qu’ils étaient à peu près maỵtrisés. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a jamais de corruption mais c’est probablement l’un des sujets sur lequel nous intervenons le plus. Nous veillons à ce que la corruption puisse difficilement se glisser dans les procédures. D’ó parfois des intervenants trop présents mais qui permettent de limiter la corruption par un regard externe. C’est la raison pour laquelle je pourrais dire que, dans ce projet, il n’y a probablement pas de corruption au niveau des travaux.

Il faut toutefois admettre que nous aurions du mal à mener une enquête avec une caméra sur ce sujet-là.

La coordination entre la réalisation du projet et sa gestion est un point important sur laquelle le film ne donne que des aperçus. Elle fait cependant partie des problématiques du cadre d’analyse. Dans la première partie du film, vous avez une équipe qui discute avec les villageois de l’emplacement des bornes fontaines. En réalité, cette équipe fait un long travail parce qu’elle revient à plusieurs reprises.

Elle négocie aussi le préalable du paiement de l’eau. Elle discute avec les bénéficiaires de tout le processus de décision du prix de l’eau par la collectivité. Elle discute de la mise en place de l’association des usagers, de la forme du réseau, de sa gestion, de son entretient, etc. À un niveau plus large, le ministère de l’hydraulique au Mali définit la taille des réseaux et des normes. Un moment, la sociologue avance que la règle, celle de la stratégie nationale, est qu’il faut 400 ou 500 habitants pour une borne fontaine. Il s’agit ici de règles nationales, choisies par le gouvernement, fixant un équilibre entre économie et niveaux de services. C’est un des objets de la recherche : mieux comprendre comment se fait – ou ne se fait pas – cette articulation ; au delà du discours, quelle est la réalité ?

Il est vrai que comme dans toute observation, on peut obtenir plusieurs niveaux d’ajustement de la focale. La comparaison avec la focale de la caméra est intéressante. C’est une problématique courante en sciences sociales et économiques.

Vous n’analyserez que ce que vous verrez sous la focale que vous avez choisie. Dans ce sujet, nous n’avons pas choisi la focale qui consistait à installer le réalisateur dans un seul village, et à le faire habiter six mois avant et après le projet. Si nous l’avions fait, il aurait pu découvrir peut-être que le berger a été élu maire, que l’ancien tisserand a fait fortune, que le gestionnaire du réseau d’eau est devenu un grand homme d’affaire local, etc. Les changements de positions sociales et de relations au sein du village ne sont pas perceptibles avec la focale d’analyse que nous avons choisi ici.

Je voudrais revenir sur une question été posée pendant la pause : est-ce que la caméra interfère sur l’enquête ? Oui forcément. Mais vous même, quand vous allez faire les enquêtes dans les villages, vous faussez aussi la mesure. Simplement, la question est d’avoir conscience du niveau d’erreur provoquée par la caméra. Il y a d’ailleurs une autre torsion du regard, dont j’ai pris conscience parce que j’ai participé au montage du film. On a transformé 52 heures de film en 52 minutes. Dans le montage, des choix s’opèrent. C’est redoutable ! Je sais maintenant comment on peut arriver à faire croire une chose et son contraire avec les mêmes bobines de départ ! Il y a des problèmes de méthodologie importants. Il faut aussi beaucoup d’heures de travail de montage pour arriver à quelque chose d’intéressant. Il est important dans ce type de documentaire de savoir ce qu’on filme.

En l’occurrence, nous avons été plus loin qu’un film strictement ethnographique car nous avons voulu filmer les débats et les conflits.

Pour des travaux de réflexion plus sociologique ou économique, nous disposons d’un film de 52 minutes, sans les interviews d’experts. Pour des ateliers ó l’on aurait plus de temps, on dispose aussi de modules courts avec des « arrêts sur image ». On a donc derrière l’utilisation de ce genre de film beaucoup d’éléments méthodologiques.

Je suis heureux de voir que cela vous donne l’envie d’en réaliser au Việt Nam. Je crois beaucoup à cette méthode, mais elle pose de sérieux problèmes méthodologiques, je ne peux pas vous le cacher.

En particulier, je voudrais attirer votre attention sur le fait que le réalisateur est un cinéaste professionnel.

Il a commencé sa vie en faisant des films et a ensuite obtenu un doctorat d’anthropologie.

Stéphane Lagrée

Y a-t-il une dernière question ? Nguyễn Tấn Tự, CEFURDS

J’ai une question et je voudrais faire quelques ajouts, quelques compléments pour clarifier et préciser